Impliquer des personnes d’expérience, de profil et d’âge différents dans le Voyage nécessite un plan d’action structuré. Il vous faudra adapter les canaux de communication et les outils en conséquence et porter une attention particulière à l'implication de personnes avec moins d’opportunités, en mobilisant notamment votre réseau auprès de structures en contact régulier avec les publics que vous ciblez.
La recherche de participants inclut généralement :
Ces entretiens seront l'opportunité de repréciser avec chacun-e les modalités de l’aventure à laquelle il/elle s'apprête à prendre part, de tisser de premiers liens et d'instaurer une relation de confiance. Ils vous permettront de mieux comprendre ce qui motive chacun-e et ce qui peut être un défi pour lui/elle et de vous assurer que le projet correspond bien à ses besoins et attentes. Ils seront l'occasion de mettre à jour ses motivations mais aussi ses doutes, ses peurs, ses éventuels besoins spécifiques ou certaines de ses problématiques personnelles ayant un impact sur sa participation.
Comme pour tout projet de mobilité, il vous faudra probablement adapter cette procédure générale à votre contexte. L'important est que le processus de recrutement soit ouvert, transparent et non-discriminatoire et qu'il vous permette non seulement de toucher les publics que vous ciblez mais aussi de vous assurez que ceux qui viennent à vous y viennent pour de bonnes raisons et que vous serez en capacité de les accompagner.
Nous sommes convaincus que la réussite du Voyage dépend étroitement de la qualité de la préparation offerte aux participants par chaque organisation partenaire dans les 2 mois qui précèdent la mobilité.
Le programme des réunions et les objectifs de chacune devront bien évidemment être adaptés au profil des participants d'une part et aux objectifs et aux contenux spécifiques du Voyage d'autre part, mais il nous semble important que le dispositif d'accompagnement que vous viendrez à proposer permettent aux participants :
En plus des réunions en face-à-face, vous pourrez utilisez les réseaux sociaux, des plateformes digitales et des logiciels susceptibles de faciliter les interactions entre les participants (échanges d’idées et de savoirs, découvertes de la réalité de chacun…) a fortiori s'ils viennent de différentes régions ou pays.
Voici quelques conseils issus de notre expérience pour vous aider à atteindre vos objectifs :
Avant toute chose il vous faudra vous assurer que les participants sélectionnés sont faits pour le Voyage et que le Voyage est fait pour eux, ce qui implique que toute l’information adéquate à propos du projet ait bien été communiquée ET comprise par les candidats.
Il est important qu'ils aient une vision précise des valeurs du Voyage, de ses objectifs généraux (le changement que vous souhaitez atteindre ensemble) et de ses objectifs pédagogiques spécifiques (les espaces dans lesquels ils pourront développer leurs compétences personnelles et professionnelles). C'est pourquoi nous vous conseillons de dédier la première session de préparation à revisiter ces aspects du projet, à rattacher les objectifs du Voyage aux attentes des participants et à leurs objectifs personnels d’apprentissages. Dès cette étape, nous vous invitons à appliquer la méthodologie de l’éducation non-formelle afin que les participants puissent s'y familiariser.
Gardez à l'esprit que le Voyage sera probablement la première expérience des participants de l’éducation non-formelle, et peut-être également leur première expérience de camping ou de vie hors du confort d’une maison. Durant la première réunion de préparation, il est important de leur expliquer ce à quoi ils doivent s’attendre quant aux conditions matérielles qui leur seront proposées, ce que seront les tâches auxquelles ils devront prendre part au quotidien et quelles seront les règles non-négociables qu’ils devront respecter pendant le voyage (par exemple s’il est interdit de boire de l’alcool, s’il existe des restrictions pour les fumeurs, etc.) afin que chacun s'engage en connaissance de cause.
Soyez vigilants : des informations manquantes ou incomplètes sur ces différents sujets, ou des incompréhensions de la part des participants, peuvent causer de l’inconfort, de la frustration, une perte de confiance voire l’abandon du projet par certains. Plus votre première rencontre sera claire, mieux ce sera ! Si un candidat réalise qu’il/elle ne se retrouve pas dans le projet (parce qu’il/elle se rend compte qu'il ne répond finalement pas à ses attentes ou à ses besoins) ce sera le bon moment pour lui/elle de se retirer.
Passer cette première phase, nous vous recommandons de faire signer à chaque participant un “Contrat d’apprentissage” reprenant toutes les informations importantes (d'ordre pédagogique, pratique ou réglementaire) que vous aurez évoquées ensemble et que les participants s'engageront à respecter pour le succès de la mise en oeuvre du projet dans son ensemble. Ceci vous préservera de nombreux problèmes ultérieurs liés à des incompréhensions quant aux engagements de chacun-e.
À partir du moment où vous êtes sûrs que les participants savent dans quoi ils s’engagent (et qu'ils veulent toujours rejoindre le projet), vous pouvez explorer leurs besoins, craintes et attentes.
Analyser ceux-ci en détail vous permettra de faire évoluer certains aspects logistiques et pratiques du projet en fonction des besoins et d'adapter éventuellement le programme d’activités du Voyage. Pour cette raison, nous vous suggérons de recueillir la parole des participants sur ces sujets dès le début de la préparation (par exemple au cours de la seconde rencontre) pour que les informations collectées puissent être intégrées au dispositif et mises à profit au moment opportun.
Le Voyage représentera, espérons-le, un défi pour les participants. Il se pourrait qu’ils soient remués émotionnellement, que le Voyage fasse remonter de vieux souvenirs à la surface, qu'il questionne leurs opinions, leurs valeurs et leurs comportements, qu'il les confronte à certaines de leurs limites physiques ou personnelles. Cela sera vraisemblablement éprouvant pour de nombreuses personnes. Voici quelques conseils pour soutenir les participants dans cette exploration et dans leurs efforts :
Certains participants trouveront difficile de répondre à des questions directes telles que “Quelles sont vos attentes ?”. Il se pourrait qu’ils répondent de manière superficielle ou selon ce qu’ils pensent que vous attendez d’eux. Pour éviter ce biais, essayez d’utiliser des questions plus spécifiques, proposez-leur de parler de quelque chose de personnel dont ils ont fait l’expérience ou de quelque chose qui est lié à leur vie quotidienne. Vous pouvez également partir d’une situation fictive et leur demander comment ils agiraient ou réagiraient dans cette situation.
Il est parfois plus facile d'exprimer les choses autrement qu’avec des mots. N'hésitez pas à laisser les participants choisir leur propre moyen d’expression (dessin, mime, danse, chant, etc.). Laissez également la porte ouverte à l'imaginaire et au récit. La narration est souvent un moyen efficace de réfléchir à nos valeurs, buts, obstacles et craintes. Certains participants pourront préférer parler de “quelqu’un d’autre” pour évoquer des sujets qui les concernent. L'enjeu est qu'il se sentent à l'aise, en sécurité et libres d'évoquer ce qu'ils souhaitent et de taire ce qu'ils préfèrent garder secret.
Commencer par un exercice de réflexion individuelle permet aux participants de pratiquer l’introspection sans qu'ils soient influencés par les réponses des autres et sans qu'ils se sentent jugés sur leurs réponses.
Passé le temps de l'introspection, et si le sujet s'y prête, vous pouvez proposer aux participants de partager certains éléments de leur réflexion en petits groupes. Cela les aidera à envisager les choses sous un autre angle et à penser à de possibles peurs ou attentes auxquelles ils n’avaient initialement pas pensé mais dans lesquelles ils se retrouvent. Cela contribuera également à créer un esprit de groupe par le partage d’objectifs et d’inquiétudes communes.
Pour conclure, nous vous conseillons d'organiser une plénière afin que les participants partagent tout ou partie de leurs réponses avec l'ensemble du groupe. Cela contribuera à la cohésion du groupe d'une part et vous permettra, en tant que facilitateurs, de prendre en considération les réflexions des participants pour le Voyage et d'apporter le cas échéant des éléments de réponses à certaines des questions, doutes ou craintes qu'ils auront exprimées. Veillez à construire une relation de confiance et une atmosphère sécurisante et n'hésitez pas à rappeler à chaque fois aux participants qu'ils sont libres de partager ce qu’ils se sentent de partager et de taire le reste.
Veillez à ne pas précipiter les choses et en particulier à ne pas chercher à répondre aux craintes et aux attentes des participants trop tôt. Attendez qu'ils aient à leur disposition toutes les informations nécessaires avant d'évoquer ces sujets. Cela vous permettra d'éviter de générer de fausses attentes chez eux et de traiter de craintes et d'attentes trop générales dans la mesure où ils auront eut le temps d'y réfléchir et de trouver les mots pour les décrire.
Pour secondaire qu'elles puissent paraître au premier abord, n'oubliez pas de traiter des petites choses de la vie quotidienne, et notamment d'interroger les participants sur leur régime alimentaire, leurs besoins médicaux ou tout autre besoin spécifique ayant de l'importance à leur yeux (possibilité de pratiquer sa religion, de s'extraire du groupe, etc.). Rappelez-vous que certaines informations de ce type peuvent être tues par les participants, de peur de ne pas être sélectionnés ou par embarras. Veillez à établir une relation de confiance avec eux de façon à ce qu’ils se sentent à l’aise pour partager avec vous des informations potentiellement sensibles, et faites en sorte qu'ils comprennent les raisons pour lesquelles vous cherchez à obtenir ces informations.
Les besoins, craintes et attentes des participants changeront probablement avec le temps. Nous vous recommandons de les réexaminer régulièrement, en particulier pendant la ou les évaluation(s) intermédiaire(s) et finale du Voyage. Cela vous permettra de garder une trace du processus et aidera les participants à être plus conscients du changement qu’ils traversent. (Plus de détails sur ce sujet Chapitre 5.3 “Activités/Programme” et Chapitre 6. “Comment évaluer l'impact du projet et diffuser ses résultats ?”).
Les rencontres préparatoires seront aussi l’opportunité d’habituer les participants au nouvel environnement dans lequel ils évolueront tout au long du Voyage. En pratique, il s'agira :
Il est important de nourrir dès le début chez les participants le sentiment que leur voix compte au sein du groupe. C'est à cette condition seulement que vous pourrez attendre d'eux qu'ils s'investissent dans le Voyage : parce qu’ils se sentent invités à s’exprimer, écoutés et pris au sérieux quoi qu'ils aient à dire. Cela aura d'autant plus d'importance que certains d'entre eux viendront sans doute avec un sentiment d’isolation sociale issu de leur histoire personnelle ou de leur vie de tous les jours. L'enjeu est qu'ils puissent se sentir faire partie d’un groupe et reconnu par lui. C'est ce sentiment d'appartenance qui nourrira leur volonté de passer à l’action et de devenir les protagonistes de leur aventure collective.
Tout en les encourageant à s’exprimer et à s’engager activement dans le projet, nous vous recommandons de les familiariser avec la vie collective et le dialogue interculturel afin qu’ils aient une idée de ce que cela signifie en pratique, des efforts que cela induit et de l'état d’esprit que cela exige.
Soyez aussi créatifs que possible pour aborder ces sujets. Alternez débats, jeux de rôles, photo-langage, exercices sur table, remue-méninges, variez la taille des groupes de travail, construisez à partir des expériences antérieures des participants… Plus vous les impliquerez dans les sessions, mieux ils comprendront les enjeux et tirons enseignement de l'expérience.
Prenez le temps de définir ensemble ce qui contribue à une expérience réussie de vie en collectivité et encouragez-les à imaginer comment ils pourront mettre ces valeurs en pratique pendant le Voyage.
Veillez notamment à mettre en lumière les points suivants :
À présent qu’ils se connaissent un peu mieux et qu’ils se sentent plus à l’aise pour s’exprimer, partager leurs centres d’intérêts, leurs idées et leurs opinions, vous pouvez commencer à aborder l’innovation sociale avec les participants et à explorer les thématiques dont traitera le Voyage.
Que signifie l’innovation sociale pour eux ? Où se positionnent-ils par rapport à l’écologie, au développement durable, à la permaculture, au mouvement de la transition, aux pédagogies alternatives, aux technologies ? Qu’est-ce qui fait sens pour eux ? Qu’est-ce qui les questionnent ? Qu’est-ce qui les laisse indifférents et pourquoi ? Ont-ils déjà entendu parler d’empreinte écologique ou d' éducation populaire auparavant ? Qu'en ont-ils retenu ? Que peut-on ajouter ?
Parcourez de nouveau ensemble le programme du Voyage en questionnant cette fois-ci le contexte général dans lequel il s’inscrit (lignes directrices, contexte politique, social, historique…) et détaillez chaque étape : les initiatives que vous visiterez au cours du séjour, les personnes que vous rencontrerez, les ateliers que vous réaliserez, etc.
De même, analysez les conditions de vie offertes durant le Voyage d’un point de vue critique : Dans quelle mesure diffèrent-elles de la vie quotidienne des participants ? Quelles questions suscitent-elles quant à nos habitudes de consommation, nos modes de vie, nos régimes alimentaires ?
Encouragez les participants à partager leurs centres d’intérêts, leurs expériences, leurs connaissances, leurs doutes, leurs questions concernant les principaux sujets du Voyage. Lesquels les attirent particulièrement ? Comment s'est construite leur compréhension de chacun d'eux ? Quelqu’un dans le groupe a t-il une expérience antérieure ou une connaissance spécifique à partager sur un des sujets abordés ? Et si oui, comment pouvez-vous faciliter le partage de cette connaissance entre les membres du groupe (lors de la préparation au Voyage ou lors de sa réalisation) ?
Veillez à ce que chacun s'exprime, encouragez les plus timides, tempérez les plus bavards et variez autant que possible votre approche pédagogique d’un sujet à l’autre. Par exemple, vous pouvez proposer une projection de film pour aborder le sujet “A”, une carte mentale collaborative pour traiter le sujet “B”, un photo-langage pour parler du sujet “C”, etc.
Le défi sera de construire une compréhension commune des concepts et thématiques les plus importantes au sein du groupe tout en nourrissant l’intérêt de celles et ceux qui seront déjà familiers avec ces sujets. Pour garder leur intérêt actif et susciter leur curiosité, analysez chaque sujet en variant les perspectives et en encourageant l’interaction communautaire, les débats constructifs, la recherche de connaissances et la pensée critique. Cela alimentera le désir des participants d’en apprendre plus et créera un terrain fertile pour le groupe pour ”observer et absorber” les contenus.
Le Voyage en Hétérotopie a été pensé de façon à ce que des personnes (jeunes ou non) avec moins d’opportunités puissent y prendre part et s'y sentir aussi légitimes et intégrées que quiconque. Mais comment faire concrètement pour que ce souhait devienne réalité ?
L'expression “personnes avec moins d’opportunités” désigne les personnes qui, sans un soutien adéquat, ne pourraient pas participer à un projet de mobilité comme le Voyage en Hétérotopie en raison de ressources économiques limitées, de difficultés d’apprentissage, de leur conditions physiques ou mentales, de leur situation sociale (marginalisation, exclusion), de leur passé (incarcération, casier judiciaire), de leurs origines ethniques ou encore de différences culturelles. (Pour une définition plus spécifique, voir : https://www.salto-youth.net/tools/otlas-partner-finding/help/young-people-with-fewer-opportunities/ .)
Par principe, nous souhaitons que le Voyage en Hétérotopie soit une expérience accessible à tous, y compris à ces publics plus en difficulté. Mais il est tout aussi important que vous évaluiez honnêtement votre capacité à les accueillir dans le Voyage. Pourrez-vous réellement leur fournir le soutien adéquat avant, pendant et après le Voyage ? Si vous n’en êtes pas sûrs, mieux vaut renoncer à les intégrer à l'expérience. Ou alors il vous faudra agir en conséquence et intégrer à votre équipe de nouveaux membres disposant des compétences nécessaires.
Les personnes avec moins d’opportunités suivront la même procédure que les autres participants et assisteront aux mêmes sessions préparatoires mais il y vous faudra faire preuve d'une attention particulière et étendre si nécessaire votre dispositif pour répondre à certains de leurs besoins spécifiques.
Plus encore que pour les autres participants, il est important que vous compreniez le parcours et la réalité quotidienne de ceux que vous accompagnez. Cela implique de votre part de leur dédier du temps pour des échanges en face-à-face mais également d'aller à la rencontre d’autres acteurs, travailleurs sociaux ou éducateurs, qui les suivent ou qui les ont accompagnés dans un passé proche. Il vous faudra également probablement informer voire impliquer les tuteurs (dans le cas de mineurs), la famille ou tout autre personne référente proche du participant étant donné leur influence sur la personne que vous accompagnez.
La qualité du soutien que vous fournirez et son impact sur le long terme dépendront de la qualité de la relation que vous aurez établi avec ceux que vous accompagnez. Il est décisif qu’ils vous fassent confiance, mais assurez-vous qu’il n’y ait pas de malentendu : ce n'est pas parce que vous leur portez de l'attention que vous êtes amis ou que vous pénétrez dans leur vie personnelle. Votre rôle d'accompagnateur doit être clair. Il est important de préciser le cadre de votre accompagnement afin d’éviter de fausses attentes, sources de désillusions ou de perte de confiance. Soyez clair sur le fait que l’accompagnement est lié à un dispositif d'apprentissage en éducation non formelle dont vous êtes responsable : vous êtes là pour les soutenir dans leur développement personnel et dans leur parcours d'insertion socio-professionnel via un projet pédagogique.
Qu'ils soient jeunes ou non, il vous faudra probablement consacrer plus de temps aux participants avec moins d’opportunités qu’aux autres. Ils ont en effet généralement besoin d’une personne référente qui les conseille, de quelqu’un en qui ils peuvent avoir confiance et qu'ils savent leur porter de l'attention, et il se pourrait bien qu'ils ne disposent de personne d'autre pour assurer ce rôle dans leur vie. Ne leur refusez pas ces attentions supplémentaires mais rappelez-vous d’être clairs sur vos disponibilités et sur les situations dans lesquelles vous êtes prêts à les leur accorder.
Soyez moteur dans la communication, veuillez à leur répondre dans des délais raisonnables et à les contacter quand ils ont été “silencieux” pendant un moment. Cela contribuera à construire une relation de confiance avec eux et à nourrir en eux le sentiment que vous ne les oubliez pas.
Dans le cas où vous vous rendriez compte au fil du parcours qu’ils ont des besoins spécifiques qui vont au-delà de vos capacités ou de vos compétences, n’hésitez pas à demander de l’aide : conseillez-les et accompagnez-les vers la bonne personne, organisation ou service.
D'ordinaire, la motivation des (jeunes) personnes avec moins d’opportunités a besoin d’être réactivée régulièrement pendant la phase de préparation. Il sera probablement nécessaire que vous mettiez en place des activités et des rencontres préparatoires supplémentaires pour y parvenir.
Outre la création d’une base solide pour l’expérience, ces rencontres plus fréquentes vous permettront d'identifier plus rapidement si “quelque chose ne va pas” : si le participant a des doutes, si il/elle a des difficultés personnelles qui peuvent mettre en péril sa participation, si il/elle se comporte de façon préoccupante, etc. Identifier les obstacles à temps sera assurément un atout pour éviter ou réduire les problèmes.
Des rencontres plus fréquentes permettront d'établir des relations plus solides, plus respectueuses et plus franches, lesquelles seront précieuses pour prévenir les problèmes, tensions et conflits pendant le Voyage.
Veillez à garantir un esprit de tolérance et d’acceptation de l'autre avant le Voyage afin d’éviter les discriminations, les tensions nées de préjugés et d'éventuels comportements exclusifs. Sensibilisez les participants à la diversité et faites régulièrement appel à leur intelligence émotionnelle. Soyez intransigeants sur la notion de respect et rappelez régulièrement à l'ensemble des participants qu’aucun langage agressif ou discriminatoire ne sera toléré au cours du projet.
Au cas où vous impliqueriez des personnes ayant un rapport problématique avec les drogues ou l'alcool (anciens alcooliques ou toxicomanes, personnes dépendantes, etc.) il vous faudra considérer la question d'une éventuelle restriction sur la consommation d’alcool et avoir une posture claire concernant les drogues et les stupéfiants. Annoncez la couleur dès le début et mentionnez clairement le sujet dans le règlement intérieur ou dans le contrat d'apprentissage que vous proposerez aux participants de signer pour valider leur inscription. (NB : l’alcool peut être un sujet sensible - il est important que vous expliquiez vos choix aux participants, tout en veillant à la discrétion si votre décision est liée au passif d'une personne en particulier au sein du groupe).
Veillez à garder la même approche pendant le séjour que lors de la préparation au Voyage. Soyez présents mais discrets : il est important que vous ne soyez pas toujours sur le dos des participants ! Observez-les à distance, essayez de voir comment ils se comportent naturellement, comment ils agissent et réagissent, sollicitez leur avis, demandez-leur fréquemment des retours et n’intervenez que lorsque cela semble réellement nécessaire.
N'hésitez pas à solliciter le concours de vos pairs (leaders de groupe, responsables d'équipe des autres pays). Ils vous aideront à percevoir ce que vous n'aurez peut-être pas vu, à porter un autre regard sur les situations et à envisager diverses réponses.
Pendant le Voyage, les participants auront probablement expérimenté quelque chose qu’ils apprécient. Ils auront vécu, nous l'espérons, une expérience dans laquelle ils se seront sentis en sécurité au sein du groupe et dans les espaces qu'ils auront traversés, et au cours de laquelle ils auront créé des connections émotionnelles fortes. Mais passé le temps du Voyage, ils devront revenir dans les espaces qu'ils avaient quittés et réintégrer les réalités dont ils s'étaient extraits pour quelques semaines.
Il est de votre responsabilité de les aider à réinvestir leurs “vies ordinaires” et de les conseiller pour qu'ils puissent faire évoluer leur réalité passé vers une réalité nouvelle, mieux en accord avec ce à quoi ils aspirent, en mobilisant les compétences et connaissances qu’ils auront acquises pendant le Voyage.
Prenez garde à ne pas prendre cette phase de l’accompagnement à la légère. Elle est cruciale. À défaut d'être soutenus au retour, certains participants pourraient tomber en dépression ou se sentir abandonnés et il est probable qu'ils refuseront de saisir de futures opportunités de peur de revivre la même chose.
Cette période de transition nécessitera des efforts de votre part. Vous pourrez par exemple proposer aux participants de s'impliquer dans d’autres activités que vous proposez, leur faire part de nouvelles opportunités au niveau local ou à l'international (échanges, formations, stages, volontariat, emploi…) ou encore les aider à trouver d'autres structures capables de les accompagner dans les défis qui sont les leurs. Que vous l'ayez cherché ou non, vous resterez probablement une référence pour eux pendant longtemps suite au Voyage. C'est une responsabilité importante, mais elle est indissociable de l'expérience.